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Achats Responsables

Par Karim FAIDI, Associé Cost House MEA et Ayoub QEDDI, Consultant Cost House MEA


Karim FAIDI et Ayoub QEDDI

Depuis plusieurs années déjà, les consultants de Cost House promeuvent la réinvention du métier d’achat afin de l’adapter aux enjeux de l’époque, en passant vers « une gestion des ressources externes » et une « performance économique durable », où la notion de création de valeur partagée ne reste pas qu’un discours.


En effet, la performance économique des entreprises passe aujourd’hui par celle de ses fournisseurs : environ 70% des coûts d’une organisation, qu’elle produise des biens ou des services, portent sur les achats externes.


Au-delà des effets de communication, il s’agit en réalité d’une anticipation des risques de perte de productivité. En effet, que ce soit les matières premières ou l’énergie, ou encore la main d’œuvre des pays en développement, l’ensemble de ces éléments seront structurellement plus chers demain. Comment croire dans ce contexte, que l’on peut limiter sa relation avec ses sous-traitants à une pression continue et sans vision sur les prix d’achats ?


Notre conviction trouve aujourd’hui sa déclinaison dans la notion d’achats responsables, détaillée en 2012 dans l’ouvrage « Performance Economique Responsable », par Olivier Brongniart et Marc Jacouton.



Définition des Achats Responsables


Les "Achats Responsables" ou "Achats Durables" désignent le concept qui réunit les principes de la gestion de la relation fournisseurs et de la responsabilité sociétale des entreprises pour faire de la chaîne d'approvisionnement une source de création de valeur pérenne, anticipant les préoccupations environnementales plutôt qu'en y réagissant, et améliorant les conditions de travail sur l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement.


Un achat responsable (ou durable) désigne donc tout achat prenant en compte des critères d’exigence et de transparence dans les domaines de l’environnement, de l’éthique, de la qualité ou des performances socio-économiques.


Si ce concept, qui a fait son apparition dans les années 2000, a été introduit dans la norme ISO 26000 (lignes directrices pour la RSE), le pacte mondial des Nations Unies (Global Compact), le Global Report Initiative (GRI) ou encore les Objectifs de Développement Durable (ODD), l’adoption en février 2017 de la norme internationale d’achats responsables ISO 20400 est venue ancrer la démarche en devenant une référence précieuse bien au-delà de la seule filière des achats et approvisionnements en aidant à diffuser, sur toutes les chaînes logistiques, et en définitive dans l’économie toute entière, les bonnes pratiques en matière de RSE.


La norme ISO 20400 aide, en effet, les organisations à assumer leurs responsabilités en matière de RSE en leur permettant d'appréhender :

La notion d'achat responsable.Les impacts et les facteurs liés à la responsabilité à travers les différents aspects de l'activité d'achat : politique, stratégie, organisation, processus. la mise en œuvre concrète des achats responsables.



Maturité de déploiement des Achats Responsables


Le Baromètre des Achats Responsables 2019, publié en février dernier, fait ressortir les principales conclusions suivantes :


  • La politique d’achats responsables est une priorité pour seulement la moitié des entreprises interrogées.

  • La connaissance de la performance RSE des fournisseurs ne progresse pas cette année.


En effet, les pratiques françaises sont en fort décalage avec celles de nos partenaires économiques. Les Allemands ou encore les Italiens, mais aussi plus loin de nous les Coréens, ont une conception de leur relation fournisseur qui s’inscrit dans la durée et qui est ancrée dans les territoires. Les notions de compétence, qualité, continuité, relation sont au cœur des préoccupations, sans pour autant pénaliser la performance économique.



Démarche de mise en œuvre


La mise en œuvre d’une démarche « Achats Responsables » ne doit pas être vue comme un processus supplémentaire aux démarches existantes, mais doit se fondre dans l’ensemble du processus achat.

Si l’on reprend les grandes activités couvertes par une direction des achats, chacune d’elles doit faire l’objet d’une évolution et d’une ouverture sur des dimensions supplémentaires liées à la RSE.




La mise en place d’une démarche Achats Responsables, suppose donc la réalisation en amont :


  • d’un état des lieux de la fonction achats en termes d’organisation, de processus, d’outils, de pratiques, de compétences, ……).



  • ainsi que d’un diagnostic de l’existant en termes d’Achats responsables (clauses développement durable dans les contrats, audits fournisseurs réalisés,….).

Cette phase de diagnostic permet notamment de formaliser la cartographie des parties prenantes et la cartographie des risques RSE par famille achats basée sur un modèle de scoring des niveaux de risques.





A partir de ce stade, la politique Achats Responsables peut être déclinée autour des principaux outils suivants :


Charte d’achats responsables


  • Objectif : Rappeler aux collaborateurs les directives pour un achat responsable et équitable.

  • Contenu : La charte tient compte des valeurs de la société, de ses engagements Développement Durable et des chartes déjà existantes (Déontologie, Règlement Intérieur, etc.).

  • Point d’attention : Des modèles de charte d’achats responsables sont largement disponibles sur le net. Il convient toutefois de prendre le temps de formaliser une charte achats responsables adaptée à son cotexte, organisation, stratégie, processus,… mais surtout à ses parties prenantes et sa cartographie de risques RSE.


Charte RSE Fournisseurs


  • Objectif : Formaliser les engagements RSE que la société attend de ses fournisseurs.

  • Contenu : La charte contient des engagements de responsabilité environnementale, sociale et Ethique commerciale, ….

  • Point d’attention : Les engagements RSE entre donneur d’ordre et fournisseurs doivent être réciproques. Une attention particulière doit être notamment portée aux délais de paiement fournisseurs et au soutien des Startups et TPME.


Plan d’évaluation RSE des fournisseurs


  • Objectif : Mesurer la maturité des engagements RSE chez les fournisseurs.

  • Contenu : Le dispositif s’articule autour d’un questionnaire RSE des fournisseurs et un système de contrôle de réponses et de notation.

  • Point d’attention : En fonction du nombre de fournisseurs et de la charge de travail de dépouillement, adaptation du questionnaire en fonction du niveau de risque RSE de la famille d’achat.



Plan de progrès RSE des fournisseurs


  • Objectif : Plan de progrès RSE des fournisseurs.

  • Contenu : Un système de suivi et d’accompagnement en fonction de la notation de chaque fournisseur et de la criticité du risque RSE de la famille achats : Audit, Plan d’Actions Correctives, Actions de sensibilisation, etc.

  • Point d’attention : Le plan de progrès RSE des fournisseurs ne doit pas être pris comme une action coercitive mais plutôt comme un outil d’accompagnement des donneurs d’ordre de leurs fournisseurs.



Industrialisation du dispositif


La mise en place d’un plan d’évaluation et de progrès RSE des fournisseurs pose la question de l’industrialisation de ce processus. En effet, le dispositif peut devenir extrêmement contraignant notamment en présence d’un large panel fournisseurs.

Les solutions classiques de notation fournisseurs intègrent un large spectre de questions RSE, avec un questionnaire déclaratif qui est vérifié par une équipe back-office sur base de documents « preuve ». Ces solutions ont démontré leurs avantages (larges références, analyse sectorielle, couverture complète,…) mais aussi leurs limites (déclaratif, difficulté à s’adapté au spécifique,…).

De nouvelles solutions sont entrain d’émerger ces dernières années. Nous pouvons notamment citer la Fintech ABCSR qui propose de fournir des indicateurs de performance RSE aux PME et ETI, en agrégeant leurs données comptables avec des données externes.



Transformer la politique d’Achats Responsables en levier de différentiation


La pérennisation de la démarche « Achats Responsables » au sein de l’entreprise suggère de dépasser cette première étape qu’est la gestion de risques fournisseurs et de valoriser la RSE dans le sourcing jusqu’aux clients.




Relier, ainsi, la démarche d’Achats Responsables à l’approche innovante du marketing durable « Markethic », permet de croiser les impacts sociaux, environnementaux, économiques et sociétaux avec le mix marketing, afin d’actionner un levier puissant de différentiation de la politique d’Achat Responsable :




  • Mettre ses filières stratégiques et son sourcing au cœur de ses messages marketing,

  • Créer des projets terrain à fort impact sociétal,

  • Diffuser des messages contrôlés et impliquer les parties prenantes (clients, fournisseurs, consommateurs…) dans cette démarche,

  • Démontrer une démarche responsable sincère, concrète et loin du greenwaching.

Le succès du FairPhone (un Smartphone dont la conception et la production ont été pensées pour intégrer des contraintes environnementales et de commerce équitable) auprès des opérateurs Telecom en Europe, est un excellent exemple de cette transformation de la fonction Achats.


 

Pour plus d'informations, contactez-nous ici ou via l'adresse mail contact@cost-house.com

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