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Connaissez-vous les 4 lois universelles de comportement des coûts ?

Par Olivier BRONGNIART, Président Groupe Cost House



La lecture de la presse économique ou les retours d’expérience malheureux en entreprise ne font que confirmer que nombre de décisions économiques sont prises plus sur des « croyances à la mode » que sur un raisonnement économique solide : externalisation, standardisation, délocalisation, centre de services partagés, uniformisation… La bonne compréhension de ce que j’ai l’habitude de désigner comme la « mécanique des coûts », c’est-à-dire la compréhension fine des inducteurs réels qui peuvent servir la compétitivité d’une organisation, d’un produit ou d’un service, devrait être au cœur des préoccupations de « l’honnête homme » décideur, au sens d’un Montaigne. Ce dernier opposait d’ailleurs « l’honnête homme » généraliste au spécialiste. Cela nous permet de défendre le fait que la compréhension et la maîtrise des coûts ne doivent pas être réservées à quelques-uns dans l’entreprise, mais au contraire, être largement diffusées.

Le sujet du partage de l’information économique pouvant faire l’objet d’un autre propos, revenons sur la compréhension du comportement des coûts : avant de se plonger dans des modélisations fines et parfois complexes, commençons par étudier les fondamentaux. Saviez-vous que pour tout « objet de coûts » (désignation d’un périmètre qui peut être une entreprise, une partie de l’entreprise, un produit, un service, un composant, un geste …), il existe quatre lois universelles qui s’appliquent ?

Quand on cherche à trouver ces « quatre lois », souvent les deux premières viennent à l’esprit. Les deux suivantes sont moins évidentes et surtout, la dernière vient contrarier la première, nous reviendrons sur ce sujet ensuite.



La loi des « volumes »


C’est certainement l’inducteur le plus évident pour tous : plus on produit en masse, plus le coût diminue par différents mécanismes, que l’on résume souvent par effet d’échelle. Cela donne lieu notamment aux stratégies d’acquisition, de regroupement des entreprises. Pour illustrer ce mécanisme, voici un exemple simple : le prix des eaux minérales rapportées au volume de production annuel des sources correspondantes. La corrélation est bien évidente.



La compréhension des leviers qui correspondent à cette baisse du coût avec les volumes est plus complexe qu’un simple effet de dilution des coûts fixes, comme il est souvent mentionné. Une bonne raison est la suivante : les coûts fixes n’existent que dans les livres ! En effet, ce qu’il convient plutôt d’appeler « coûts de structure » se comportent généralement sous forme de paliers :



La loi de la « complexité »


La deuxième loi qu’il est aisé d’appréhender est celle de la complexité de ce qui est produit. Avec la complexité, le coût augmente. Cette loi ne doit cependant surtout pas systématiquement orienter vers une stratégie de produit « bas de gamme », car en face des coûts, il ne faut pas oublier « la valeur » au sens large, et la « valeur client » en particulier. Cette notion formalisée chez General Electric en 1947 par Monsieur Miles est le miroir incontournable des coûts.

Pour cette loi, j’ai pris l’exemple d’une gamme de montres connectées qui illustre clairement le propos :



La loi de « la courbe d’apprentissage »


Cette 3ème loi ne vient pas forcément à l’esprit lorsque l’on interroge en « question ouverte » sur notre propos. Et pourtant, quiconque s’est essayé à des travaux manuels (la pose de papier peint ou bien la construction d’un mur de maçonnerie) a vécu cette expérience : les premiers gestes sont lents et souvent maladroits, et petit à petit, le geste se précise et le rythme accélère. Et finalement, on fait beaucoup mieux et plus vite ! L’illustration suivante des temps de passage sur un circuit de karting fait écho à ce mécanisme :



La traduction concrète de cette loi devrait être appliquée par tout acheteur : tout contrat qui s’inscrit dans la durée doit comporter une clause de productivité. C’est-à-dire qu’année après année, la réalisation de la même prestation, tout étant égal par ailleurs, coûte moins à celui qui la fournit. Ce gain peut être partagé logiquement avec le client.


La loi de « la taille »


Cette dernière loi est doublement intéressante à développer. Tout d’abord parce que rares sont ceux qui l’intuitent. Par ailleurs, comme évoqué précédemment, cette loi vient agir en sens opposé à la 1èreloi sur les volumes, ce qui ouvre le champ à un questionnement ouvert.

La loi sur la taille est la suivante : le coût d’un produit ou d’un service deux fois plus gros n’est pas deux fois plus important. Pour illustrer ce comportement des coûts, voici l’exemple de récupérateurs d’eau enterrés. On constate sur le diagramme que le coût d’une cuve de 5 000 L est d’environ 3 000 € alors que celui d’une cuve de 10 000 L n’est que de 4 500 €, loin du double.


Ce constat étant fait, il apparaît une question angoissante qui rappelle un paradoxe fromager : si j’opte pour des cuves plus grosses, je diminue le coût unitaire, mais je diminue les quantités, selon la première loi, j’augmente le coût ! Se pose alors une question intéressante d’optimisation entre deux options, qui balaye les avis tranchés et les solutions toutes faites. Cela veut dire que lorsque se pose une question économique, il faut modéliser (y compris simplement) le comportement de chaque inducteur de coût, et ensuite, pour le cas particulier, évaluer l’optimum global pour prendre une décision.


Aller plus loin


La compréhension de ces quatre comportements fondamentaux des coûts donne envie d’aller plus loin. Pour cela, mais cela mérite un développement complet dans un autre article, l’utilisation de modèles de simulations économiques sont adaptés à la qualification d’une décision. On pourra faire appel à plusieurs approches : modèle paramétrique pour des objets de coûts unitaires (produits, composants, prestations simples), modèle de coûts par activité pour des organisations.

Mais dans tous les cas, il ne faut jamais aller trop vite en prenant position, et oser se laisser guider par la réponse qu’apporte un modèle de coûts.


 

Pour plus d'informations, contactez-nous ici ou via l'adresse mail contact@cost-house.com

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